
Le Stoïcisme la science derrière une sagesse intemporelle
Le mot Stoïcisme évoque souvent, à tort, une attitude froide et insensible : garder le silence face à la souffrance, refouler ses émotions et feindre l’indifférence. Pourtant, cette vision est loin de la vérité. Le Stoïcisme renforce la résilience, la sérénité et le bonheur.
Née dans la Grèce antique il y a plus de deux millénaires, cette philosophie propose avant tout un art de vivre fondé sur la raison, la maîtrise de soi et la paix intérieure.
Redécouvrir le Stoïcisme à la lumière de la science
Aujourd’hui, la science moderne redécouvre ce que les sages stoïciens savaient déjà : cultiver la lucidité, la vertu et la sérénité rend la vie plus stable, plus riche et plus heureuse.
Des chercheurs contemporains ont même conçu une échelle scientifique capable de mesurer le degré de pratique stoïcienne authentique : l’Échelle des Attitudes et Comportements Stoïques (Stoic Attitudes and Behaviours Scale – SABS).
« Ce qui trouble l’homme, ce ne sont pas les choses, mais le jugement qu’il porte sur les choses. »
~ Épictète
Le Stoïcisme authentique, bien différent du « visage impassible »
Lorsque l’on évoque le Stoïcisme, beaucoup imaginent le célèbre stiff upper lip anglais — cette manière de « serrer les dents » et de dissimuler ses émotions.
Or, la psychologie moderne montre que la répression émotionnelle est nuisible. Elle accroît le stress, la tension et les troubles intérieurs.
Le véritable Stoïcisme, celui enseigné par Marc Aurèle, Sénèque et Épictète, est tout autre. Il repose sur la lucidité rationnelle, la pleine conscience (mindfulness), la compassion, et la poursuite délibérée d’une vie vertueuse et équilibrée.
C’est une philosophie vivante, ancrée dans la pratique quotidienne — non pas une posture rigide, mais une discipline intérieure au service du bien-être et du sens de la vie.
L’échelle SABS : mesurer la pratique du Stoïcisme
La Stoic Attitudes and Behaviours Scale (SABS) constitue la première échelle scientifiquement validée permettant de mesurer la pratique authentique du Stoïcisme.
Elle met en lumière sept dimensions fondamentales de cette philosophie millénaire :
- Les croyances sur le contrôle
Reconnaître que, si nous ne pouvons pas contrôler les événements, les autres ou le passé, nous avons toujours la maîtrise de nos pensées, de nos attitudes et de nos comportements volontaires. - Les croyances sur le bonheur
Comprendre que le véritable bien-être dépend non pas de la richesse ou du succès, mais de notre caractère et de notre vertu. - La pleine conscience stoïcienne
Observer attentivement nos jugements et nos habitudes mentales, pratiquer la réflexion quotidienne et identifier les schémas de pensée qui nuisent à notre paix intérieure. - La vertu
Mettre en action les quatre vertus cardinales : la sagesse, le courage, la justice et la tempérance. C’est dans leur application concrète que naît la sérénité. - La bienveillance et la compassion
Reconnaître notre humanité commune et cultiver la gentillesse, la compréhension et la solidarité. - Le développement éthique
Considérer la vie comme un voyage continu d’évolution personnelle, où chaque jour offre l’occasion de progresser moralement. - La vision stoïcienne du monde
Percevoir notre existence dans une perspective plus vaste : celle de l’univers et de l’ordre naturel, source de gratitude, d’acceptation et de paix.
Ainsi comprise, cette philosophie est bien éloignée de la caricature d’un visage impassible ou d’une émotion étouffée.
Elle est au contraire une pratique vivante et lumineuse, un art de se connaître et de s’améliorer continuellement.
Ce que révèle la recherche à propos du Stoïcisme
Les chercheurs ont testé l’échelle SABS auprès de milliers de personnes à travers le monde.
Les résultats sont frappants :
- Les individus ayant un haut score de Stoïcisme authentique rapportent une plus grande satisfaction de vie, une résilience accrue, et des niveaux plus faibles de colère et d’anxiété.
- À l’inverse, ceux qui se contentent d’un Stoïcisme rigide ou émotionnellement répressif — celui du fameux « menton serré » — présentent un bien-être moindre.
Des études menées lors de la Semaine du Stoïcisme (Stoic Week), un événement annuel invitant les participants à vivre « comme un stoïcien » pendant sept jours, confirment ces observations :
Même une semaine de pratique suffit à renforcer la clarté mentale, la sérénité et la résilience face aux aléas de la vie.
Dans la pratique clinique moderne, de nombreux thérapeutes observent aussi que l’intégration des principes stoïciens dans la vie quotidienne améliore la qualité des relations, réduit le stress et favorise le bien-être général.
Un miroir et une carte : le Stoïcisme au service de la connaissance de soi
L’échelle SABS ne se limite pas à mesurer la pratique du Stoïcisme ; elle sert aussi de miroir et de carte.
Un miroir, car elle permet de voir où nous en sommes vraiment dans notre manière de penser et d’agir.
Une carte, car elle indique le chemin de croissance intérieure que nous pouvons emprunter.
Peut-être obtenez-vous un score élevé sur les croyances relatives au contrôle — vous savez que vous ne pouvez pas maîtriser les actions des autres — mais un score faible sur la pleine conscience stoïcienne. Ce qui signifie que vos réactions spontanées vous entraînent encore parfois.
Le message est clair : vous connaissez le principe, mais il vous reste à l’incarner dans le moment présent.
Ou bien l’inverse : vous excellez dans la pleine conscience, observant vos pensées avec lucidité, mais vous restez attaché à l’idée que la réussite ou la reconnaissance déterminent le bonheur.
Ainsi, le Stoïcisme nous aide à identifier nos forces et nos zones de progrès, pour avancer plus consciemment sur la voie de la maîtrise de soi et du développement personnel.

Pourquoi le Stoïcisme compte plus que jamais aujourd’hui
Il y a vingt ans, la pleine conscience issue du bouddhisme est entrée dans le champ de la psychologie moderne, grâce à des pionniers comme Jon Kabat-Zinn.
Soutenue par des recherches rigoureuses, elle a trouvé sa place dans les écoles, les entreprises et les hôpitaux.
Aujourd’hui, un mouvement semblable se dessine avec le Stoïcisme.
Grâce à l’échelle SABS, la pratique stoïcienne devient mesurable, étudiable et applicable dans de nombreux domaines :
- la santé mentale,
- la formation à la résilience, ou encore
- l’accompagnement des personnes atteintes de maladies chroniques.
La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) excelle pour traiter les troubles précis, mais laisse parfois de côté les questions de sens et de but de vie.
La pleine conscience, quant à elle, nous apprend à observer nos pensées, mais pas toujours à les corriger ou à leur donner une direction éthique.
Le Stoïcisme, lui, réunit ces deux dimensions :
il offre une boussole morale fondée sur les vertus stoïciennes, et une méthode rationnelle pour affronter la réalité avec sérénité.
C’est une philosophie de la sérénité intérieure, mais aussi de l’action juste et courageuse.
Cinq questions stoïciennes à essayer dès maintenant
Envie de savoir quel stoïcien sommeille en vous ?
Voici cinq questions inspirées de la recherche SABS.
Attribuez-vous une note de 1 (pas du tout d’accord) à 7 (tout à fait d’accord) :
- Je me rappelle souvent que certaines choses dépendent de moi, et d’autres non.
- Face à une difficulté, je prends le temps de réfléchir avant de réagir.
- Je crois que le bonheur dépend davantage de mon caractère que de ma réussite matérielle.
- Les vertus stoïciennes, je m’efforce de les vivre : sagesse, courage, justice et tempérance.
- Je me sens relié aux autres et j’essaie d’agir avec compassion et bienveillance.
Additionnez vos points :
Un total élevé indique que vous appliquez déjà les principes du Stoïcisme dans votre vie quotidienne.
Un total plus faible suggère des pistes à explorer pour progresser dans votre développement personnel.
Origines et principes clés du Stoïcisme
Le Stoïcisme est né à Athènes au IIIᵉ siècle avant notre ère, fondé par Zénon de Kition.
Il fut ensuite transmis et approfondi par Sénèque, Épictète et Marc Aurèle, qui lui donnèrent sa forme la plus accomplie.
Cette philosophie antique enseigne que la liberté véritable ne réside pas dans le contrôle du monde, mais dans la maîtrise de soi.
Ses principes fondamentaux reposent sur quatre piliers :
- La sagesse : discerner ce qui dépend de nous.
- Le courage : affronter la réalité sans fuite.
- La justice : agir en accord avec le bien commun.
- La tempérance : garder l’équilibre en toute chose.
Ces vertus constituent le cœur du Stoïcisme, une voie de sérénité intérieure et de force morale qui résonne puissamment avec les aspirations de notre époque.
Conclusion : une sagesse ancienne pour un monde moderne
Loin d’être une doctrine du renoncement, le Stoïcisme est une école de puissance intérieure.
Il nous apprend à vivre avec calme, lucidité et courage au milieu des incertitudes.
Et aujourd’hui, la science confirme ce que les sages de l’Antiquité savaient déjà : celui qui gouverne son esprit gouverne sa vie.
« Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé, et le courage de changer ce qui peut l’être. »
~ Marc Aurèle